Destruction de valeur dans le marché du streaming musical.
Le 17 Mai 2021 Apple annonce que les abonnés au service de streaming Apple Music pourraient prochainement écouter les fichiers en haute qualité, à savoir la qualité dite “lossless” c’est à dire l’équivalent d’une qualité CD mais aussi la qualité “spatial audio”. Autrement dit, ce qui coutait 14,99 €/$ chez les concurrents coutera désormais 9,99€ chez Apple.
Quelques heures après, Amazon réagit en baissant immédiatement son prix de 5 €/$ : l’offre Amazon Music Unlimted qui inclus la haute qualité sera désormais facturée au prix “de base” de 9,99 €/$
Les initiatives à succès pour augmenter la valeur économique du streaming et instaurer une différenciation entre l’offre « de base » et l’offre « haut qualité » se voient sévèrement attaquées.
En 24H00, une destruction de valeur sans précédent dans le marché du streaming musical.
Rappel des faits :
QUINZE ANS POUR REMONTER LA PENTE
Premier secteur a être touché par le tsunami numérique, la filière musicale est aussi la première à se relever et à trouver un nouveau modèle économique grâce au streaming.
Avec une progression de+7,4% dans le monde, le marché de la musique dans le monde dépasse désormais la barre des 20 milliards de dollars et retrouve à peine son niveau d’avant la crise, c’est-à-dire de l’année 2003.
15 années de crise ! Il aura fallu 15 ans pour “remonter la pente” comme on peut le voir sur ce graphique :
UNE NOUVELLE FACON DE MONETISER LA MUSIQUE
Le Streaming apparait en 2007 et 2008 et en une dizaine d’années permettent de reconstituer une partie de la valeur disparue dans l’ouragan du numérique. Les services de streaming permettent de monétiser la musique dans un monde ou le piratage existe toujours comme détaillé ici
IL EXISTE UN CONSENTEMENT A PAYER…A PAYER PLUS CHER
Militant de la première heure pour la musique digitale et la haute qualité, Yves Riesel crée, en 2008, la société qobuz -reprise depuis par Xandrie en 2016- et démontre que les consommateurs sont prêt à payer pour un abonnement en haute qualité, une qualité sonore au moins égale à celle du CD. Il revient sur cette aventure ici
TIDAL emboite le pas, puis Deezer et d’autres ensuite. Spotify avait décidé également d’investir ce segment prochainement
Tous ces acteurs démontrent qu’il existe un CONSENTEMENT A PAYER et qu’il est possible d’introduire plus de valeur avec des abonnements haut de gamme grâce à une segmentation consommateur plus fine. Ces services de musique, possèdent certes moins d’abonnés, mais génèrent un revenu par abonné (ARPU) bien supérieur aux grandes plateformes de streaming créées par les GAFA. Une différenciation des prix vertueuse qui apporte plus de revenus aux ayants droits.
Il aura fallu donc moins de 24H pour détruire cet édifice. Car pour les géants de la tech que sont Apple et Amazon, il est beaucoup plus facile d’utiliser la musique “haute définition” – quitte à flirter avec la vente à perte- pour vendre des équipements et autres produits. Une destruction “Schumpterienne” (Mr Joseph Schumpeter) qui détruit de la valeur mais n’en crée que pour les fabricants de matériels.
La création a une valeur. Présentée avec un service de qualité, les consommateurs sont prêts à payer pour cette valeur.
A l’heure ou le débat sur le « partage de la valeur » fait rage, Il serait bon de veiller à ce que la valeur ne disparaisse pas …sinon il n’y aura plus rien à se partager. L’action doit venir des détenteurs de droits pour protéger la valeur de la création.
J’ai regroupé 5 mythes assez répandus en 2020 et 2021 concernant les industries musicales.
Backstage Pass with Amplifier. Backlit
LE MARCHE DE LA MUSIQUE NE S’EST JAMAIS AUSSI BIEN PORTE
Faux en terme de chiffre d’affaire. Probablement vrai en terme de profit
Faux en terme de chiffre d’affaire. Dans le monde, le marché de la musique enregistré a atteint 21 Milliards de Dollars mais le marché n’a pas encore atteint son niveau le plus haut de 2002.
En France, le marché de la musique enregistré n’a pas encore retrouvé son niveau le plus haut :
En France, la crise qui a frappé la filière musicale a débutée en 2003, bien avant l’arrivée du streaming en 2008. Les détails des performances du marché français ici.
Les revenus issus du publishing (droits des auteurs compositeurs) sont, eux, en constante augmentation meme si nous avons peu de chiffres. Un article nous éclaire ici
Probablement vrai en terme de profit donc, si on en juge les récentes acquisitions de catalogues par différents fonds -notamment Hipgnosis et Round Hill- qui ont acheté des multiples de 12 à 15 fois le chiffre d’affaire généré par ces catalogues.
LES SITES DE STREAMING NE REVERSENT PAS ASSEZ AUX ARTISTES
Faux
Tout simplement parce que ce ne sont pas les sites de streaming qui rémunèrent les artistes. Les services de streaming (Spotify, Apple Music, Deeezer, Qobuz etc) rémunèrent les détenteurs de droits qui, eux ont signés des contrats d’exclusivités avec les artistes interprètes d’une part et les auteurs et compositeurs d’autre part.
Comme expliqué déjà sur ce blog ici les services de streaming reversent environ 70% de leurs revenus aux détenteurs de droits : Ils rémunèrent les détenteurs de droits des enregistrements c’est à dire les les labels -via leur distributeur- qui eux rémunèrent les artistes interprètes selon les termes du contrat signé avec ces derniers. Et les services de streaming rémunèrent également les auteurs -compositeurs des chansons via les sociétés de gestion collectives et les éditeurs qui, eux détiennent les droits exclusifs des textes et des compositions musicales.
La rémunération des artistes doit donc s’apprécier en examinant le contrat qui les lie à ces différentes structures, qui développent leur carrière et à qui ils ont confiés leurs droits en exclusivité.
Kanye West
LES SITES DE STREAMING GAGNENT BEAUCOUP D’ARGENT
Faux
Même si certains services de streaming appartiennent à des grands groupes valorisés en Bourse, la plupart des services de streaming sont encore déficitaires soulignait Le Monde lors de la parution des derniers résultats financiers de Spotify
Compte tenu du fait que le modèle économique est proportionnel et basé sur pourcentage des revenus,le taux de marge reste identique à l’inverse des modèles comme Netflix et Disney + ou le modèle de rémunération des ayants droits n’est pas proportionnel. Ainsi plus Netflix élargit sa base client et plus son taux de marge augmente. Outre la différenciation entre les services, le plus grand challenge des services de streaming restent la rentabilité.
Les sites de streaming ne sont pas des ennemis de l’écosystème de la musique, et ils permettent de monétiser la musique dans un monde ou le piratage existe toujours.
Consommation illicite de la musique Etude Hadopi 2019
LES ARTISTES NE GAGNENT PAS D’ARGENT AVEC LE STREAMING
Faux pour une petite partie d’entre eux. Vrai pour une large majorité.Malheureusement tout le monde ne peut pas vivre de son art…
Pour le streaming, la règle des 20/80 devient 90/10 ou même 99/1 !
Sur Spotify 43 000 artistes représentent 90% des streams. A noter qu’en 2015 ils n’étaient que 16 000 (à représenter 90% des streams)
Les calculs fait par Mark Mulligan uniquement sur Spotify dans le monde (rappel dont la part de marché se situe autour de 32%) montrerait que ces 43 000 artists gagneraient en moyenne 29 000$ par an (après la marge prise par le label). Spotify représentant environ 32% de part de marché dans le monde, ainsi la moyenne de rémunération annuelle pour ces artistes les plus streamés serait autour de 90 000$ par an. Mais ces 43 000 artistes sont uniquement le “haut de l’iceberg” soit un peu moins de 1% des artistes….puisque Spotify compterait de l’ordre de 43 à 48 millions d’artistes différents sur sa plateforme selon Mark Mulligan. Pour ces 99% d’artistes restants, qui ne sont pas le “haut de l’iceberg”, la moyenne de rémunération annuelle serait de 26$
La distribution numérique de musique est maintenant accessible à tous les artistes : le “marché” des artistes DYI et les succès de TunceCore, CD Baby ou Distrokid ont sont la preuve. Mais cela ne change en aucun cas le pourcentage de chance de réussite : 40 000 titres arrivent sur les sites de streaming par jour, la probabilité d’arriver au sommet est donc statistiquement faible. J’invite à lire ou relire « Black Swan » de l’essayiste Nassim Nicholas Taleb qui développe la théorie du “cygne noir” à savoir la théorie de l’événement imprévisible i.e. qui a une faible probabilité de se dérouler (appelé « événement rare » en théorie des probabilités). Cette théorie peut s’appliquer aux artistes dont les chances de pouvoir émerger sont “rares”. Il faut regarder la réalité en face : la plupart des artistes ne sont pas streamé.
Toujours dans cette étude, on découvre qu’entre 2009 et 2019, le nombre d’artistes interprètes et auteurs compositeurs a plus que doublé au Royaume Uni. Je n’ai pas trouvé les données pour la France mais il est fort à parier que ce soit la même tendance.
Young fans of Elvis Presley are trying to get closer to their hero when he arrived in Bremerhaven on Oct. 1, 1958. The military police is hindering the people in breaking the barricades. Presley came to Germany on the occasion of his Army service which he will spend at Friedberg in the Wetterau near Frankfurt am Main. (10/01/1958)(AP Photo/Brueg)
LE SYSTEME DE REPARTITION DES REVENUS DU STREAMING N’EST PAS ADAPTE
Probablement vrai
Le système de répartition et reversement a été mis en place il y a plus de 13 ans au moment de l’émergence de cette nouvelle technologie et ce nouvel usage. A l’époque, Blogmusik.net venait de signer avec les ayants-droits et se faire “baptiser” Deezer, Spotify n’était qu’une start-up suédoise qui préparait son “lancement”. Apple, quant à lui, était loin d’imaginer qu’il lâcherait le download pour ce nouveau modèle du streaming…Bref, à modèle naissant, système de comptabilisation imparfait.
Pour rappel le système de répartition actuel fonctionne sous forme de “pot commun” ou chaque ayant droit est rémunéré sur sa part de marché globale, basé sur le nombre d’écoutes faites par tous les utilisateurs de la plateforme. Aujourd’hui il est légitime de questionner ce mode de répartition du “pot commun”. En effet, le système actuel implique donc que les artistes populaires – qui cumulent un important volume d’écoutes – bénéficient d’un avantage mécanique sur les artistes moins connus. Il existe un autre système possible : le USER CENTRIC défendu, entre autres, par Deezer qui permettrait de répartir le montant de chaque abonnement en fonction des écoutes réelles de l’utilisateur. Ainsi, l’abonnement de l’utilisateur est distribué uniquement aux ayants droit des artistes qu’il écoute.
Le CNM Centre National de la Musique, a commandé à DELOITTE une première étude, en voici les premières conclusions : Etude CNM
Les données disponibles aujourd’hui sont encore insuffisantes pour tirer une conclusion à ce stade, mais il est possible de tirer quelques enseignements :
L’étude du CNM montre qu’aujourd’hui 30 % des utilisateurs intensifs génèrent 70 % des revenus. Il y a donc bien une confirmation d’un phénomène d’aspiration des revenus vers certains répertoires, écoutés en boucle par les plus gros consommateurs de streaming…
Le passage au système du USER CENTRIC permettrait plus de diversité musicale. Un plus grand nombre de genres musicaux bénéficierait d’augmentations importantes, comme « la musique classique (+ 24 %), le hard rock (+ 22 %), le blues (+ 18 %), la pop-rock (+ 17 %), ou le jazz (+ 10 %) ». A contrario« le rap (− 21 %), le hip-hop (− 19 %)verraient leurs redevances baisser ». De plus, les titres mis en ligne il y a plus de dix-huit mois seraient mieux rémunérés.
“Alexa, joue moi le titre de ce groupe des années 80 avec les paroles qui commencent par “yesterday i got so old..”
Et mon enceinte connectée Echo -grâce à la technologie de reconnaissance Alexa – de jouer “In Between Days” du groupe The Cure.
L’enceinte connectée et sa technologie de reconnaissance vocale est une révolution pour l’usage et l’expérience de la musique. Un sujet au coeur des préoccupations de la musique numérique, un sujet qui me passionne et que j’ai souvent développer sur ce blog ici.
AMAZON vs GOOGLE vs APPLE : L’ENCEINTE CONNECTEE COMME CHEVAL DE TROIE DU MARCHE DU STREAMING MUSICAL
Amazon a lancé en France son enceinte connectée Echo, le 6 Juin, cheval de Troie de son service de streaming “Amazon Music Unlimited”. Une offre commerciale de lancement agressive “à la Amazon” : Tous les abonnés PRIME auront 40 heures de musique gratuite sans débourser un euro de plus. Un avant gout du service de streaming illimité d’Amazon lancé à l’automne dernier, une technique infaillible pour une conquête de part de marché rapide sur le marché du streaming. Dans un second temps, les abonnements musique seront proposés 8€ au lieu de 10€ pour un abonnement concurrent, Deezer ou Spotify par exemple.
Il y a quelques semaines Google, déjà présent en France depuis Aout 2017 avec son enceinte connectée Google Home, annonce le re-lancement de son service de streaming musical -YouTube Red est rebaptisé YouTube Music- soit l’intégralité du catalogue musical accessible de façon illimitée, sans publicité avec l’écoute de morceaux hors connexion et la lecture de musique en arrière-plan, fonctionnalité demandée depuis longtemps par les utilisateurs de YouTube.
Apple s’apprête a lancer son enceinte connectée le HomePod le 18 Juin, qui permettra de se connecter à son service de streaming Apple Music lancé en France en Juin 2015.
Ce printemps 2018 marque donc un tournant dans le marché de la musique numérique.
THE MUSIC USER EXPERIENCE REVOLUTION
Pourquoi les enceintes connectées vont elles modifier à tout jamais le lien qui unit le consommateur à sa musique ?
L’histoire de la musique enregistrée est corrélée à l’évolution de la technologie. En matière d’accès aux contenus, l’innovation technologique essentielle de ce début de siècle est le streaming. Chaque innovation technologique entraine avec elle une révolution des usages.La commande vocale est une révolution des usages. Depuis l’avènement du streaming, le lien du consommateur avec sa musique se faisait via écran. Désormais, pfff…. fini l’écran, le consommateur se débarrasse de son mobile.
NOUVELLES CIBLES, NOUVEAUX ESPACES.
La facilité de la commande vocale permettra de toucher la cible des seniors mais aussi celle des enfants. Cette technologie permet également de remettre la musique au centre des pièces à vivre notamment le salon ou trônait autrefois cette bonne vieille chaine hi-fi.
AUGMENTATION DE LA CONSOMMATION DE MUSIQUE.
Une étude -que vous pouvez trouver ici – montre que les consommateurs qui détiennent une enceinte connectée passe plus de temps à écouter de la musique : 34% des détenteurs d’enceinte Echo ou Google Home passaient plus de 4 heures par jour à écouter de la musique alors que ce pourcentage est de 24% pour le reste de la population.
CHANGEMENT DE PARADIGME DANS LE MARKETING ET LA DATA LIEE A LA MUSIQUE.
Les données associées à la musique, renseignées par les ayants droits -producteurs et éditeurs- sont désormais un facteur clé de succès majeur pour émerger lors d’une commande vocale d’un titre. Plus les données associées à un titre sont riches et pertinentes, plus les différentes technologies de reconnaissances -Alexa, Siri, Google Actions ou Cortana…- ont des chances d’identifier et recommander le dit titre.
Ce n’est donc pas étonnant que Nielsen ait payé 560 Millions de dollars pour l’acquisition de Gracenote, spécialiste de la data qui fournit les données associées pour Apple pour plus de 100 millions de titres musicaux et autres et 12 millions de films et de séries.
Une chanson, pour avoir une chance d’être écoutée -dans l’océan des 50 millions de titres présents sur les services de streaming- doit posséder des données associées pertinentes, et pas seulement les données “basiques” (producteur, éditeur, auteur et compositeur, paroles etc, ) mais aussi des données sur le style, mood, tempo, et toutes sortes de données émotionnelles associées. Les ayants droits doivent maîtriser et enrichir les données associées s’ils veulent garder le contrôle de la recommandation.
SMART SPEAKER : UN MARCHE QUI DEPASSE L’ENJEU DES VENTES DES OBJETS CONNECTES.
Un marché en pleine explosion comme expliqué il ya quelques temps sur ce blog.
Mais la bataille entre Google, Amazon, Apple pour les enceintes connectées dépasse l’enjeu des revenus de la vente de ces objets connectés. Les revenus proviendront de la vente d’autres produits et d’autres services. La musique comme produit d’appel ce n’est pas nouveau : iTunes puis Apple Music ont largement contribué à la vente de iPod (jadis), Iphone et autre Mac; YouTube est la première destination au monde de musique mais son modèle économique est la vente de publicité et de données personnelles.
Pour ne prendre que l’exemple d’Amazon : Alexa, son système de reconnaissance vocale, répond à des questions, donne le bulletin météo, commande les objets connectés de la maison mais il permet surtout de faire ses courses sur Amazon.
Sauf si vous étiez sur une île déserte la semaine dernière, vous avez sans doute appris que U2 a donné son nouvel album “Songs of innocence” à 500 millions d’utilisateurs Apple.
Cet évènement, annoncé lors la keynote d’Apple le 10 septembre par Tim Cook, le PDG d’Apple, n’était qu’un “one more thing” après l’annonce de la montre et de l’iPhone 6, mais il est malgré tout suffisamment important pour s’y arrêter quelques minutes.
Les plus avertis diront “rien de nouveau sous le soleil”. En effet, la musique comme “produit d’appel” possède un fort pouvoir d’attraction pour vendre un produit ou un service. Dans le jargon des opérateurs de téléphonie, c’est aussi un levier efficace de “rétention” des consommateurs. La musique est gratuite certes, mais pour y accéder il faut acheter un ordinateur ou un smartphone, une connexion internet ou un abonnement téléphonique etc.
Nous avions été habitués à quelques centaines de milliers d’exemplaires « offerts » – Prince en 2007 et son nouvel album ‘planet earth’ avec un célèbre quotidien anglais – puis un million d’exemplaires avec JayZ et Samsung en Juin 2013. Dans le cas présent, le volume change puisque l’album est donné à 500 millions d’utilisateurs. J’attends avec impatience la barre du milliard.
Rien de nouveau sous le soleil également en terme médiatique. Un coup “marketing” de ce groupe, autrefois important, aujourd’hui dépassé par les Coldplay, Linkin Park et autres Black Keys. U2 vend moins d’albums et cette exposition médiatique permet de compenser le manque de proposition artistique du groupe. U2 et Apple sont proches depuis longtemps, et cette proximité est renforcée par l’arrivée chez Apple de Jimmy Iovine, producteur et « music business executive » de renom. Racheté au prix d’un footballeur, Jimmy Iovine, est désormais chez Apple le remplaçant de Steve Jobs dans le rôle de « l’ami des artistes ». Il est le co-fondateur de Beats avec Dr Dre, société rachetée avant l’été par la firme à la pomme, comme détaillé dans mon post du 3 juin sur ce blog.
Tout ceci permet au cours de l’action Apple de grimper. Ce dernier n’a jamais été aussi haut, atteignant 101,73 dollars ce samedi 13 septembre. Cette hausse reflète la confiance retrouvée des investisseurs en Apple grâce à la capacité du PDG Tim Cook à déjouer la concurrence et élargir le champ d’action de l’entreprise fondée par le visionnaire Steve Jobs. Désormais, la firme voit sa capitalisation grimper jusqu’aux 602 milliards de dollars, de loin l’entreprise la plus cotée en bourse.
Alors, de quoi cet événement est-il le symbole ?
Il est le symbole de l’avènement de « l’âge de l’accès », pour reprendre le titre de l’ouvrage visionnaire de Jeremy Rifkin, qui, dès 2001, décrivait la fin de la possession et le monde de l’accès.
Il est le chant du cygne du download.
Si le marché de la musique digitale est en croissance, c’est grâce au streaming. Le download est déjà en forte décroissance dans de nombreux pays.
A l’heure ou en France, le SNEP ( syndicat national des éditeurs phonographiques ) lance le premier “hit parade” streaming ( les 200 titres les plus streamés ), MIDIA Research ( www.midiaresaech.com ) révèle dans sa passionnante étude de prospectives que le chiffre d’affaires mondial du streaming devrait augmenter de 240% jusqu’en 2019. Ainsi, il représenterait 71% des revenus digitaux et 41% du chiffre d’affaires global en 2019.
Offrir cet album de U2 est donc un outil de plus pour Apple pour garder ses consommateurs dans l’écosystème Apple, les préparer au lancement du service de streaming Beats / iTunes Music et assurer la transition du download vers le streaming.
Cet épisode est aussi une nouvelle preuve de la lente mutation -ou disparition- du format album.
A l’heure du streaming, la musique se consomme de plus en plus sous forme de playlist grâce aux algorithmes de recommandation et aux données sociales. C’est le retour du single et de la force du “track”. La forme artistique de l’album n’est sans doute pas morte mais elle ne sera plus la principale.
Le format album dans sa phase mature est apparu dans les années soixante. L’évolution de la technique permettait des plages plus longues, libérant ainsi les artistes de certaines contraintes. Des groupes comme les Beatles, Pink Floyd, ou Led Zeppelin firent ainsi avancer la création en s’appropriant ce format. Cette avancée technologique permit de sortir des albums qui resteront dans l’histoire de la musique du 20e siècle.
Aujourd’hui, les avancées technologiques permettent de nouveau une mutation du format. Un album qui reflète l’univers de l’artiste devrait être désormais interactif, dynamique, mis à jour régulièrement, et inclure de l’audiovisuel, des jeux, des textes etc. La technique permet tout cela. Comme développé par Mark Mulligan sur son excellent blog http://musicindustryblog.wordpress.com , je pense également que c’est aux artistes de se réapproprier ce format de la création. Les producteurs devraient les y aider.
Le format album est mort. Une occasion pour le réinventer.
Pour les artistes, musiciens, producteurs, éditeurs et tout ceux qui font de la musique ou de son exploitation leur métier, plus rien ne sera plus jamais comme avant.
Depuis le début des années 2000 et la fameuse « révolution digitale » qui allait, avec le P2P , remettre en cause tous les modèles, le fan de musique n’achète plus de « compact disc laser ». Alors on s’en désole et on se raccroche à ce qu’on sait faire, de la musique pour certains, produire des disques pour d’autres en espérant qu’on trouvera bien, tout de même, quelques acheteurs en appliquant rigoureusement les techniques de marketing et de promotion d’avant – avant « l’internet » -, avant que tout ça parte à vau- l’eau.
Puis une ribambelle de termes barbares sont apparus mettant des mots sur des pratiques qui s’installent plus vite que la vitesse de la musique : du web 2.0, du marketing 2.0, des réseaux sociaux, du streaming gratuit, du streaming en abonnement, du crowdfunding, de la radio internet, de la radio intelligente.
En cinq ou six ans, des sociétés s’imposent comme des évidences dans l’économie de la musique, elles suivent ou devancent les pratiques du public, redéfinissent les règles du jeu.
On ne peut plus faire sans. Il faut faire « avec » : avec Facebook, avec YouTube, avec Twitter, avec flckR, avec iTunes, avec Spotify, avec Deezer, avec Dailymotion, avec soundcloud, avec shazam, avec songkick, avec bandcamp, avec soundrop, la liste est longue comme le bras et elle s’allonge tous les jours.
A forest ( courtesy Robert Smith ).
Un foret de start up et de services en ligne pour les artistes dans laquelle il très facile de se perdre. Mais pour peu qu’on sache ou l’on veut aller et qu’on ait une boussole, si on a deux jambes et une tète bien faite, on peut y arriver. Ne pas paniquer, surtout ne pas paniquer.
Rien n’est plus comme avant. Tout est plus facile qu’avant. La technologie n’est pas le diable, la technologie est un progrès, pour la musique tout du moins.
Il suffit juste de savoir ce que l’on veut faire et avoir du talent. Pour le premier, ci-dessous une liste de nouveaux outils qui rendent la vie plus facile ; Pour le deuxième ( avoir du talent ) je ne peux rien pour vous, remettez vous en à Dieu si vous êtes croyants ou sinon à un gourou. Dans tous les cas : travailler, travailler plus , encore plus.
Je ne vais pas expliquer, ce que fait déjà tout le monde sur FaceBook, twitter, instagram, flickR et sur son channel YouTube mais plutôt vers notre site pour progresser sur ces sujets ( et bien d’autres ) : www.buzzmymusic.com.
Une sélection d’incontournables :
Faire écouter votre musique avec un player simple et très facile à utiliser : www.soundcloud.com
Vendre votre merchandising, le stocker, l’expédier. Idem pour vos vinyls ou vos CDs : www.wiseband.fr
Vendre sa musique en digital, trouver des concerts et vendre des tickets de concerts etc. deux serices présents aux Etats Unis et bientôt dans notre pays : www.reverbnation.com ou http://www.topspin.com
Une sélection de jeunes pousses que je trouve particulièrement intéressantes :