Musique numérique : la fin des invasions barbares* ?

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20 Mai 2015 et 8 Juin 2015 : deux dates importantes dans l’histoire de la musique numérique ; l’attaque de Spotify contre les barbares (Google-YouTube) et la contre-attaque d’Apple pour regagner sa suprématie.

Hier, Spotify a annoncé l’élargissement de sa plateforme à la video grâce à de nombreux accords avec des producteurs de contenus ( ABC, NBC, TED et Vice, notamment ) ainsi qu’à la mise en ligne de clips musicaux et autres vidéos, se positionnant ainsi comme le concurrent de YouTube.
Lors de sa keynote du 8 juin, Apple annoncera le lancement de son service de streaming.
Ce dernier sera basé sur celui de Beats Music racheté il y a un an pour la somme de 3 milliards de dollars. Cette date est symbolique car elle marquera le passage définitif pour Apple du modèle de la possession, le ‘download’, à celui de l’accès, le ‘streaming’. Cette mutation des usages opérée depuis 2006 – 2007 ( en 2006 Google rachète YouTube et en 2007 Deezer naît sur les cendres de Blogmusik ) est devenue la norme.
Toutes les études le prouvent désormais. Le streaming, et particulièrement le streaming gratuit sur les 11-25 ans, est l’usage principal des consommateurs de musique : 57% des internautes écoutent de la musique via YouTube dans le monde.
Signe des temps, Warner Music a annoncé la semaine dernière être la première major générant des revenus du streaming supérieurs à ceux du téléchargement.
Malgré tout, ce n’est pas si simple car deux camps s’affrontent : le streaming gratuit VS le streaming payant. Deux modèles économiques différents s’opposent.

Pour replacer les événements en perspective, une rapide historiographie de la musique numérique telle que je l’ai vécue.

I) 1997 – 2003 Préhistoire et piraterie
1997 Création de Mp3.com par Michael Robertson.
1999 Shawn Fanning et Sean Parker lance Napster ( et rien ne sera plus jamais comme avant).
2000 Création de nombreux autres sites de P2P : Gnutella, AudioDonkey etc.
2001 Création du Digital Millenium Copyright Act ( DMCA ) aux Etats Unis. Création de Rhapsody. Procès Napster aux US. Fermeture de Napster.
Les majors s’unissent pour lancer deux sites de téléchargement : PressPlay ( Universal et Sony) et MusicNet ( Warner et EMI )
Début de l’Empire Apple : Lancement du gestionnaire de fichiers iTunes mais qui n’est pas encore un magasin.
II) 2003 – 2006 Expansion de l’Empire Apple
2003 Lancement d’iTunes Music Store. Fin de PressPlay et MusicNet.
2003 Essor du marché des sonneries mobiles
III) 2006 – 2012 Début des invasions barbares. Développement du Royaume Spotify
Les usages des consommateurs s’orientent vers le streaming.
2006 YouTube est racheté par Google. Début d’expansion de l’Empire Google, et du modèle gratuit.
2007 Blogmusik devient Deezer sur un modèle gratuit qui devient payant sous la pression des majors.
2008 Lancement de Spotify sur un modèle payant. Fin des DRM. Tentative d’Invasion de l’Empire Amazon sur un modèle de download.
2009 Début des accords avec les FAI pour des offres de streaming en bundle.
2012 Lancement de Google Play.
IV) 2012 – 2015 Expansion des invasions barbares. Déclin de l’Empire Apple. Fin du modèle de la possession et victoire du modèle de l’accès.
2013 Les revenus du download chutent de 8% dans le monde alors que le streaming augmente de +39%. Baisse des revenus d’iTunes Music Store dans le monde. 41 millions d’abonnés payants en streaming dans le monde dont 15 millions chez Spotify.
20 Mai : Contre attaque de Spotify sur YouTube
8 Juin 2015 : Tentative de reconquête d’Apple.

L’arrivée d’Apple sur le streaming va-t-elle marquer le début d’une nouvelle phase dans l’historiographie de la musique numérique et ainsi la fin des invasions barbares ?
Autrement dit, Apple réussira t-il à imposer le streaming payant comme modèle dominant pour reconquérir les territoires pris par Google (Youtube) afin de “monétiser” les consommateurs prêt à payer de nouveau pour la musique ?
Laissons neuf mois à Apple et Spotify pour écrire une nouvelle phase dans l’histoire de la distribution numérique de musique. Rendez-vous dans quelques mois sur ce blog pour la suite de cette historiographie de la musique numérique.

*J’utilise le mot “BARBARE” pour désigner l’empire Google et son armée ( YouTube), en référence au livre d’Alessandro Barrico, “Les Barbares, Essai sur la mutation” dans lequel l’auteur décrit l’effacement progressif d’une culture de type classique au profit de la modernité apportée par les nouvelles technologies. Il qualifie de “Barbares” ces nouveaux entrants. L’auteur s’interroge sur le concept d’expérience pour nous et pour ces nouveaux barbares. Je vous recommande cette lecture ( Merci Virginie) à la fois sérieuse et pleine d’humour.

Jeremy Rifkin. “The zero marginal cost society”

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J’ai une grande admiration pour Jeremy Rifkin.

Jeremy Rifkin est un économiste mais surtout un visionnaire.

J’ai découvert ce prospectiviste en 2000 avec la parution de son livre “L’âge de l’accès”. Un ouvrage fondateur ou Rifkin expliquait la transformation du modèle économique de la possession vers celui de l’accès. Sept ans avant tout le monde, il prédisait donc Spotify, Netflix et l’autolib.

Beaucoup d’autres de ses prédictions passées se sont révélées exactes comme par exemple celles de la fin de son livre “La fin du travail” paru en 1995 ou Rifkin explique les impacts de la technologie sur l’emploi et sur le monde de l’entreprise dans un monde où la croissance ne génère pas d’emploi (jobless growth).
En 2012, Rifkin sort de nouveau un ouvrage remarquable “La troisième révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde”. Il y critique la lente mort de nos économies, trop dépendante des énergies fossiles et propose des solutions pour une croissance durable. Selon Rifkin la troisième révolution industrielle “sera le fruit d’une synergie détonante entre les énergies renouvelables et les technologies internet, qui modifiera les modes de distribution de l’énergie au XXI eme siècle. Dans l’ère à venir, des millions de personnes produiront leur propre énergie verte à la maison, au bureau et à l’usine, et elles se la partageront via un système d'”internet de l’énergie” distribuée, tout comme on crée et partage aujourd’hui des informations en ligne.”

Avec la parution, il y a quelques mois, de “Zero marginal cost society”, en français “La Nouvelle Société du coût marginal zéro” c’est la fin du capitalisme que Rifkin prédit.
Comment ne pas être interpellé ?
Toujours très argumenté et documenté, Jeremy Rifkin nous explique qu’Internet ( The Internet of Things ) a quasiment fait disparaître les coûts de production (“le coût marginal”). Sans citer une nouvelle fois la musique, il suffit de citer le marché de l'”information” dans lequel désormais n’importe qui avec son téléphone portable et YouTube peut créer et diffuser un reportage, à coût ‘marginal’.
Demain, nous détaille Rifkin, cela va se passer pour l’énergie -on produira soi-même son électricité à partir de ses panneaux solaires- ou pour les biens manufacturés -que nous fabriquerons avec nos imprimantes 3D.
C’est l’avènement du Prosumer (Producer + Consumer).
Parallèlement, la prise de conscience des “Commons” ( “bien commun” ) et la propagation de la culture collaborative (Wikipédia, AirBnB ou BlaBlaCar) vont contribuer à remplacer, en partie, la culture du profit et de la propriété. La production ne coûtant plus rien, l’échange va t il se généraliser au point de remplacer le capitalisme ?
Rifkin ne prédit pas complètement la fin du capitalisme mais une cohabitation de l’économie traditionnelle et l’économie “sociale”.
Je vous invite à lire ces passionnantes 311 pages, mais si vous passez votre tour alors considérez ce post comme une fiche de lecture.

Transformation digitale ou conduite du changement ?

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“Transformation digitale” : Ces deux mots sont souvent répétés comme un mantra dans les comités de direction, les directions marketing et commerciales, dans les cabinets de conseil, les entreprises de formation jusqu’aux médias qui en font un sujet à la mode.

Je n’ai pas l’intention de couvrir ce vaste sujet en un seul article mais seulement de vous faire part de mes réflexions, Et puisqu’un ami très cher, qui vit loin de ces préoccupations, m’a demandé de lui expliquer la “transformation digitale”, l’exercice valait de le partager.

Cette humble réflexion, est née tout d’abord de mon expérience de la transformation digitale dans l’industrie de la musique, de mes lectures sur le sujet mais aussi de nombreuses discussions avec des dirigeants de l’édition littéraire – suite à mon intervention aux Assises du Numérique de leur syndicat – et des dirigeants de start ups.

Alors, pour l’entreprise la “transformation digitale” c’est quoi ?
Cette expression est un vrai fourre tout. Deux mots “valises” : “transformation” désigne à peu près tout et “digital(e)” est un mot qu’on colle à toutes les sauces.

L’enjeu est de taille : Un rapport élaboré par le cabinet de conseil Mc Kinsey sur la “mutation numérique des entreprises” montre que l’augmentation brute potentielle du résultat opérationnel pour une entreprise qui réussit sa mutation numérique pourrait être de +40 %. Par contre, le risque de réduction du résultat opérationnel pour une entreprise qui ne parviendrait pas à s’adapter au numérique serait de -20%.

Il convient, dans un premiers temps, de le mettre au pluriel : Les transformations digitales.

Les transformations digitales touchent pratiquement tous les types de secteur d’activité car elle modifie des fondamentaux du business.

Première transformation, celle de la digitalisation et de la simplification des process. La mutation numérique est dans ce cas synonyme d’optimisation et réduction des couts. C’est la transformation la plus rapidement intégrée et comprise par les entreprises. D’autant mieux qu’elle est souvent pris en charge par le département informatique, plus connu désormais sous le nom d'”IT” et qui met en place les nouveaux outils technologiques.

Deuxième transformation, celle de la “donnée”, “data” en anglais. Un ensemble de données gigantesque, appellé “Big Data” ( de nombreux ouvrages si vous voulez creuser le sujet dont “Big Data” de Mayer-Schoneberger et Cuvier) qui, pour ne parler que de l’aspect économique, engendrent des opportunités et leviers de business énormes J’en veux pour preuve la puissance de ceux qui en ont fait leur coeur de métier : Google, Amazon, et Facebook.

Troisième transformation : celle du marketing, de l’e-promotion et l’e-reputation. Le contenu devient “digital” et “brand content”. La marque devient un média et le marketing des 4 P de l’histoire ancienne : Le marketing tel qu’on la connu est mort, il doit être remplacé mais cela mériterait un livre entier.

Quatrième transformation, celle du nouveau “parcours client” : on passe du commerce multi canal à omni-canal, transformant ainsi le marketing et la vente. Selon la meme étude Mc Kinsey les entreprises pourraient augmenter potentiellement leur résultat opérationnel de 12 % grâce au développement d’une expérience client omni-canal.

Cinquième transformation : celle de l’Innovation. Innover grâce au numérique, devient plus facile.L’innovation est meme moteur des écosystèmes numériques.L’innovation comme recherche constante de diversification. Des ouvrages comme “The Lean Startup” d’Eric Ries vous permettent d’en savoir plus si vous le souhaitez. La préoccupation centrale devient surtout, pour la survie de l’entreprise, d’appréhender la disruption intervenant dans le secteur. Aucun doute que les dirigeants de G7 savent très bien de quoi je parle….

Sixième transformation et – pour moi- la plus grande transformation : celle du consommateur. Le consommateur devient acteur, modifiant à tout jamais son rapport avec l’entreprise et les marques qu’elle représente. Sur les cendres du département marketing nait le département “consommateur”.
Complexe car au carrefour du commercial, marketing et de la technologie, les transformations numériques n’ont fait qu’accentuer le véritable changement de paradigme : le consommateur est désormais au centre du système.

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Bien entendu les transformations numériques sont différentes selon les secteurs d’activité. Le secteur du tourisme, où près de la moitié des clients réservent leurs voyages en ligne, a ainsi déjà largement fait sa mutation digitale, doublé d’une transformation du modèle économique. Par exemple, les voyagistes ont dû repenser le rôle des agences physiques et le faire évoluer de la vente vers le conseil, tandis que les compagnies aériennes ont largement réintégré la vente en direct des billets d’avion.

Il existe une seconde catégorie d’entreprises : Les industries créatives du contenu. Pour ce secteur la transformation digitale, c’est aussi, en plus, la digitalisation du produit que l’entreprise commercialise.
C’est ce que j’ai connu dans l’industrie de la musique qui a été la première industrie à voir son produit “digitalisé”.
Même si la norme de compression et le format mp3 apparait en 1995, je situe le début de révolution numérique dans l’industrie de la musique à l’apparition du peer to peer – Napster notamment – en 1999.
Pendant plus de quinze ans, l’industrie de la musique a “subi” une double “transformation digitale” suivie dès 2008 d’une mutation des modèles économiques puisque qu’en cinq années, le “business model” de la musique enregistrée est passé de la “possession” à l”accès” Pour cette raison de sa trajectoire est intéressante. D’autres secteurs connaissent depuis cette triple mutation – la transformation numérique, celle du produit, celle du modèle économique – il s’agit de la presse, l’édition littéraire, le cinéma etc…mais je ne vais pas m’étendre car j’ai de nombreuses fois écrit à ce sujet sur ce blog.

Transformations numériques ou conduite du changement ?

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Un décalage s’est créé entre l’adoption du numérique par les particuliers et celui des entreprises.

L’étude réalisée par Mc Kinsey, en analysant les composantes du PIB numérique, démontre que la France se classe au 4ème rang de l’échantillon de 13 pays au regard de la consommation privée, mais seulement au 9ème rang en matière d’investissement privé, ce qui suggère qu’en France le PIB numérique est tiré par les consommateurs. Les internautes français ont déjà largement adopté les nouveaux usages numériques alors que les entreprises sont en retard.

Pourquoi les entreprises ont elles pris du retard ?

-Des organisations en silos non adaptée, par nature, à la transformation numérique qui doit être transversale entre métiers et fonctions.
-Un manque de “talents” : Les entreprises rechigne a embauché des jeunes avec des compétences numériques.
-Un manque d’implication du top management dans les problématiques numériques.

Les grandes entreprises du siècle dernier se sont formées sur des fondamentaux qui ont atteints leurs limites : productivité individuelle, organisation en silos, management vertical et pyramide décisionnelle, verrouillage du marché par des brevets, spécialisation des profils etc.

Les transformations numériques sont souvent un chantier douloureux car les bénéfices ne sont pas tout de suite perçus, mais elle constituent une occasion unique d’enclencher un cercle vertueux en réinvestissant, à terme, les gains de productivité pour améliorer l’offre consommateur et donc accroitre l’avantage concurrentiel.

La conduite du changement est le sujet, les transformations digitales ne sont que le paysage.

La conduite du changement passe par un changement de culture de l’entreprise, largement alimentée par l’evolution des pratiques et méthodes de travail entre collaborateurs.

La résistance au changement est naturelle, surtout quand on annonce des vérités qui donnent le vertige – 60% des jobs de 2025 n ‘existent pas encore – mais la conduite du changement est un préalable nécessaire si les entreprises veulent survivre.
Avant d’être attaquées fortement par des acteurs fortement disruptifs, les entreprises doivent avoir le courage d’adopter des pratiques plus agiles.

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La conduite du changement est un impératif urgent pour la survie des entreprises pour leurs marges mais aussi, et surtout, pour leurs hommes.

 

Découverte musicale ou tyrannie du choix ? More is Less.

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Le choix illimité et la découverte de musique sont-ils compatibles ?

Depuis l’avènement du numérique, l’histoire de l’industrie de la musique est jalonnée de dates importantes : 2001, le procès Napster; 2003, le lancement d’iTunes; 2007, Blogmusik puis Deezer; 2008, le lancement de Spotify.
2014 marquera l’année de la consécration du streaming mais aussi de ses paradoxes.

Pour les fanatiques de musique, le streaming, c’est la “terre promise”. Ce qu’on pouvait rêver de mieux dans nos rêves les plus fous. C’est la caverne d’Alibaba, comme rentrer dans une confiserie et tout dévorer, sans limite.

Mais pour les “non fanatiques”, juste les gens “normaux” ?

Les services de streaming donnent accès à l'”illimité”. Mais, ces derniers sont face à un paradoxe. Devant trop de choix, la passivité s’installe voir l’angoisse. Plus le choix augmente et plus la satisfaction baisse. Dans son ouvrage “Le paradoxe du choix” le psychologue américain Barry Schwartz explique – avec talent- que le choix ne nous rend pas plus libres mais plus paralysés, pas plus heureux mais plus insatisfaits.

La plupart des “consommateurs” de musique n’ont pas le soucis de la “découverte”. Seuls professionnels s’en persuadent.
Si on exclut les personnes qui consomment la musique comme une addiction -comme moi- la plupart des gens veulent juste “écouter de la musique”. Pour cette raison, la radio reste un média puissant. C’est d’ailleurs ce que révèle la dernière étude conduite par MELTY pour mesurer les pratiques du streaming auprès des jeunes : Si les sites de streaming sont le vecteur de découvertes musicales pour 48% des meltynautes interrogés, la radio et la télévision restent des médias très influents, cités à hauteur de 50% et 39% respectivement.

Alors, que faut-il pour que le consommateur ne soit pas angoissé en arrivant sur une plateforme de musique face à 30 millions de titres ?
Il faut un “filtre”, un “curator”, un “guide”. Algorithme ou recommandation humaine, on en revient au rôle premier des médias dit “spécialisés” et du bon vieux “disquaire”, ce copain qui guidait mes choix quand j’étais adolescent.
C’est finalement l’imprévu et la surprise qui nous donne le plus de plaisir. Et ceci dans de nombreux domaines, comme le démontre Renata Salecl dans “la Tyrannie du Choix” dont je vous recommande la lecture.

Pour les services de streaming “LE PARADOXE DU CHOIX” c’est que MORE IS LESS.

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Si une petite voix m’avait dit, quand j’avais 13 ans, que j’aurai la chance d’évoluer dans l’industrie musicale, de travailler avec des artistes aussi fascinant que Robert Smith, Sting, Jamiroquai ou Arthur H (pour ne citer qu’eux), je ne l’aurai pas cru. Si la meme voix m’avait dit que je monterai mon label et produirai des disques, je ne l’aurai définitivement pas cru. Hier soir, Marc Morvan et son groupe a fait un très beau concert à Paris. J’ai découvert Marc Morvan il y a plus de 10 ans. J ai produit ces deux albums ( dont le premier avec son groupe “3 Guys Never In” ). J’ai produit son nouvel EP ‘ Ophelia” sorti il y a quelques jours. L’année prochaine, je produirai son nouvel album car à chaque fois que Marc me fait écouter une nouvelle chanson, elle est meilleure que la précédente. Marc Morvan est très grand auteur-compositeur-interprète. Je ne suis que son producteur mais j’en suis fier.

1989 (courtesy of Taylor Swift ?)

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J’aimerais revenir en 1989.

Le monde changeait à notre vitesse. L’entreprise était stable et sécurisante. Nous vendions des produits à des consommateurs. Chacun avait sa place. Chaque action marketing, promotionnelle ou commerciale avait des répercutions tangibles. Il était possible de prévoir. Pour l’industrie de la musique,1989 est l’année de l’explosion du marché du CD, format qui, pendant quinze ans, entrainera une croissance formidable de ce secteur.

Je ne pourrai jamais revenir en 1989.

L’album de la jeune Taylor Swift s’appelle 1989. Hasard sans doute.
Il y a quelques jours, Taylor Swift – enfin… son équipe de management et/ou sa maison de disque – retire son album des services de streaming, lui préférant le modèle du téléchargement.
Le management de Taylor Swift cherche à optimiser les ventes dans une vision court terme. Il s’agit de “milker” comme diraient les consultants des années 90.
Deux jours plus tard, Daniel Ek, PDG de Spotify, se positionne en leader des services de streaming en lui faisant une réponse bien argumentée.
Ces échanges épistolaires peuvent paraître anodins mais sont un signe de la difficulté pour les acteurs en présence de voir leur monde changer, se transformer.
Et YouTube d’annoncer hier son service de streaming payant avec un prix mensuel de l’abonnement à 7,99 euros qui fixera, sans aucun doute, le nouveau prix du marché.
On peut le regretter mais le monde de 1989 n’existe plus.
L’ âge de la possession et son modèle du téléchargement appartiennent définitivement au passé.
L’industrie de la musique enregistrée est entrée dans l’ “âge de l’accès” pour reprendre le titre de l’ouvrage visionnaire de Jeremy Rifkin cité de nombreuses fois dans ce blog.
Le nier est nier le monde dans lequel nous vivons. Ne pas s’adapter, c’est refuser d’écouter le consommateur et donc renvoyer les fans de musique vers l’illégalité.
Le streaming est la seule innovation disruptive que l’économie de la musique ait connu depuis l’invention du support au début du siècle dernier. Comme décrit dans “The innovator’s dilemma”, livre de référence de Clayton Christensen, professeur à Harvard, une innovation disruptive est une innovation qui, dans un premier temps, se traduit par une baisse de la qualité, puis parvient ensuite en répondant à des logiques financières différentes, à changer définitivement l’équilibre entier d’un secteur.
Qu’on le veuille ou non, le streaming transforme de façon définitive le modèle économique et les techniques de marketing du marché. Ce faisant, il modifie les relations entre consommateurs et artistes. Ces changements auront pour conséquence de transformer les organisations.Soit dans la douleur, soit dans l’action.

De quoi « Songs of innocence » est-il le chant ? (courtesy of U2)

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Sauf si vous étiez sur une île déserte la semaine dernière, vous avez  sans doute appris que U2  a donné son nouvel album “Songs of innocence”  à 500 millions d’utilisateurs Apple.

Cet évènement, annoncé lors la keynote d’Apple le 10 septembre par Tim Cook, le PDG d’Apple, n’était qu’un “one more thing” après l’annonce de la montre et de l’iPhone 6,  mais il est malgré tout suffisamment important pour s’y arrêter quelques minutes.

Les plus avertis diront “rien de nouveau sous le soleil”. En effet, la musique comme “produit d’appel” possède un fort pouvoir d’attraction pour vendre un produit ou un service. Dans le jargon des opérateurs de téléphonie, c’est aussi un levier efficace de “rétention” des consommateurs. La musique est gratuite certes, mais pour y accéder il faut acheter un ordinateur ou un smartphone, une connexion internet ou un abonnement téléphonique etc.

Nous avions été habitués à quelques centaines de milliers d’exemplaires « offerts »  – Prince en 2007 et son nouvel album ‘planet earth’ avec un célèbre quotidien anglais – puis un million d’exemplaires avec JayZ et Samsung en Juin 2013. Dans le cas présent, le volume change puisque l’album est donné à 500 millions d’utilisateurs. J’attends avec impatience la barre du milliard.

Rien de nouveau sous le soleil également en terme médiatique. Un coup “marketing” de ce groupe, autrefois important, aujourd’hui dépassé par les Coldplay, Linkin Park et autres Black Keys. U2 vend moins d’albums et cette exposition médiatique permet de compenser le manque de proposition artistique du groupe. U2 et Apple sont proches depuis longtemps, et cette proximité est renforcée par l’arrivée chez Apple de Jimmy Iovine, producteur et « music business executive » de renom. Racheté au prix d’un footballeur, Jimmy Iovine, est désormais chez Apple le remplaçant de Steve Jobs dans le rôle de « l’ami des artistes ». Il est le co-fondateur de Beats avec Dr Dre, société rachetée avant l’été par la firme à la pomme, comme détaillé dans mon post du 3 juin sur ce blog.

Tout ceci permet au cours de l’action Apple de grimper. Ce dernier n’a jamais été aussi haut, atteignant 101,73 dollars ce samedi 13 septembre.  Cette hausse reflète la confiance retrouvée des investisseurs en Apple grâce à la capacité du PDG Tim Cook à déjouer la concurrence et élargir le champ d’action de l’entreprise fondée par le visionnaire Steve Jobs. Désormais, la firme voit sa capitalisation grimper jusqu’aux 602 milliards de dollars, de loin l’entreprise la plus cotée en bourse.

Alors, de quoi cet événement est-il le symbole ?

Il est le symbole de l’avènement de « l’âge de l’accès », pour reprendre le titre de l’ouvrage visionnaire de Jeremy Rifkin, qui, dès 2001, décrivait la fin de la possession et le monde de l’accès.

Il est le chant du cygne du download.

Si le marché de la musique digitale est en croissance, c’est grâce au streaming. Le download est déjà en forte décroissance dans de nombreux pays.

A l’heure ou en France, le SNEP ( syndicat national des éditeurs phonographiques ) lance le premier “hit parade” streaming ( les 200 titres les plus streamés ), MIDIA Research ( www.midiaresaech.com ) révèle dans sa passionnante étude de prospectives que le chiffre d’affaires mondial du streaming devrait augmenter de 240% jusqu’en 2019. Ainsi, il représenterait 71% des revenus digitaux et 41% du chiffre d’affaires global en 2019.

Offrir cet album de U2 est donc un outil de plus pour Apple pour garder ses consommateurs dans l’écosystème Apple, les préparer au lancement du service de streaming Beats / iTunes Music et assurer la transition du download vers le streaming.

Cet épisode est aussi une nouvelle preuve de la lente mutation -ou disparition- du format album.

A l’heure du streaming, la musique se consomme de plus en plus sous forme de playlist grâce aux algorithmes de recommandation et aux données sociales. C’est le retour du single et de la force du “track”. La forme artistique de l’album n’est sans doute pas morte mais elle ne sera plus la principale.

Le format album dans sa phase mature est apparu dans les années soixante. L’évolution de la technique permettait des plages plus longues, libérant ainsi les artistes de certaines contraintes. Des groupes comme les Beatles, Pink Floyd, ou Led Zeppelin firent ainsi avancer la création en s’appropriant ce format. Cette avancée technologique permit de sortir des albums qui resteront dans l’histoire de la musique du 20e siècle.

Aujourd’hui, les avancées technologiques permettent de nouveau une mutation du format. Un album qui reflète l’univers de l’artiste devrait être désormais interactif, dynamique, mis à jour régulièrement, et inclure de l’audiovisuel, des jeux, des textes etc. La technique permet tout cela. Comme développé par Mark Mulligan sur son excellent blog http://musicindustryblog.wordpress.com , je pense également que c’est aux artistes de se réapproprier ce format de la création. Les producteurs devraient les y aider.

Le format album est mort. Une occasion pour le réinventer.

Mettre fin aux idées reçues.

la photo juste avant

Aujourd’hui, j’ai décidé de faire la peau aux idées qui trainent et s’accrochent au monde d’avant. Quand on passe rapidement d’un monde à l’autre, les méthodes de travail, les certitudes et autres concepts ont parfois du mal, et c’est normal, à avancer aussi vite.

L’exercice consiste à faire le tri entre une idée qui a vieilli, un mythe et une idée qui illustre un « vrai » changement.

Aujourd’hui, j’en ai listé dix.

1)  La musique est un produit : vieux concept.

La confusion est née du support, qui n’a que soixante-dix ans d’âge. Avant les années 30, la musique était véhiculée par les concerts, les cabarets la danse, en d’autres termes une expérience, une émotion vécue seule ou partagée à plusieurs. La musique n’est pas le support comme la carte n’est pas le territoire.

2)  La possession : vieux concept.

La musique à l’âge de l’accès (à relire l’ouvrage de référence « l’age de l’accès », de Jeremy Rifkin) balaye la notion de possession puisque désormais, ce qui compte, c’est d’avoir un accès. Un peu d’anglicisme barbare : le consommateur souhaite un accès « ATAWAD » (anytime, anywhere, on any device). Accéder à la musique grâce à une connexion internet -désormais disponible partout- sur tous les appareils, Apple ou Android (plus seulement dans le concept du foyer numérique développé par Steve Jobs). La question, c’est la monétisation de l’accès, plus celle de la possession.

3)  La relation directe de l’artiste et du consommateur : changement.

On pourrait lister pendant des heures l’ensemble des changements qu’internet a provoqué dans ce domaine. Mais le changement le plus profond, c’est bien le fait qu’il y existe une relation directe, désormais effective, qui rend possible toute sorte de communication, proposition artistique, discussion, en un mot « relation », entre l’artiste et son fan, en temps réel et sans interruption.

4)  La fin de l’intermédiation : mythe.

Pour le consommateur, l’intermédiation reste nécessaire pour FILTRER. La « curation » reste essentielle. Face à 20 millions de titres d’une plateforme de (streaming ou téléchargement) l’utilisateur a besoin d’être orienté, guidé, en fonction de ses gouts (moteurs de recommandations avec différents types d’algorithmes), en suivant des « leaders », « trends setters » auxquels il est « attaché » par le lien social, ou médias en qui il a confiance. La relation directe de l’artiste et du consommateur ne signifie pas la fin de l’intermédiation. Bien au contraire. Pour l’artiste, l’intermédiation reste aussi nécessaire : il a besoin d’un « business partner », d’un « conseiller » puisqu’il n est pas un spécialiste en « business », d’un avocat puisqu’il n est pas spécialiste en droit, d’un « producteur » puisqu’il n’est pas toujours expert en production, d’un producteur de spectacle puisqu’il n’est pas lui-même un spécialiste dans ce domaine, d’un « community manager » puisqu’il n’est pas spécialiste en animation de communauté, d’un attaché de presse …La liste est longue et quoiqu’en disent certains, ces métiers sont des vrais métiers de savoir-faire.

5)  Le modèle « venture capitalist » : vieux concept.

On lance dix artistes et on espère que l’un des dix artistes aura un succès tel qu’il permettra de générer les revenus suffisants pour générer les profits nécessaires et éponger les pertes des neuf autres. Avec la fin du business modèle de la possession, ce n’est plus possible. Car le business modèle ne permet plus d’éponger les pertes de 9 artistes.

6)  La fin de l’ « artistique » : mythe,

Quand le marketing n’est plus efficient, c’est l’émotion qui prime. Bien avant l’invention du terme « storytelling », le marketing des artistes était déjà du « storytelling ». L’essence même de ce qui est véhiculé par l’artiste. Avec le travail artistique autour de l’œuvre audiovisuelle et l’univers de l’artiste, l’ « artisanat » va renaitre autour du numérique.

7)  Le financement participatif ou « la demande qui crée l’offre » : mythe.

L’offre, ou proposition artistique d’un artiste inconnu est toujours antérieure à la demande. Le financement participatif est un formidable outil pour financer la production et un formidable dispositif de social marketing (les premiers fans étant les « financeurs ») mais le financement participatif ne peut être vu comme un nouveau business model.

8)  Les Majors c’est fini : mythe.

Il y aura toujours des structures de « recording » ou « publishing » , qui vont agréger des catalogues d’audio et vidéos. Plus le catalogue sera important, plus leur pouvoir de négociation avec les géants comme Apple, Google ou Amazon sera grand.

9)  La Long Tail (la thèse de Chris Anderson « the long tail ») :

Attention, cette idée ne vaut pas pour tous. Pour avoir une « tail » il faut avoir du catalogue, et ceci n’est que l’apanage des trois majors. Pour les autres, la « tail » n’est pas égal au chiffre d’affaire des « hits ».

10) La technologie, ce vieux démon : mythe

La technologie n’est pas une ennemie. Les industries de la musique se sont souvent battu contre la technologie. Lors de l’avènement de la radio, aux Etats-Unis les ayants droits ont attaqués en justice les premières radios (ça ne vous rappelle rien ?). Aujourd’hui tout le monde a oublié que la radio a permis le formidable explosion de l’industrie de la musique enregistrée et la fabrication du « star system ». En 1920, les ayants droits et les artistes se plaignaient de la radio. Aujourd’hui, ils ont tendance à se plaindre du modèle de streaming. Ils oublient que, c’est ce modèle, grâce à la technologie (4G, smart phone) qui étendra définitivement l’accès à la musique – potentiellement- à tout individu (à la condition qu’il ait une connexion internet et un « device » – en général les deux marchent ensemble).

Apple & Beats. “And the beat Goes On” ( Courtesy of ‘The Whispers’ )

Unknown

Le rachat de Beats par Apple pour 3 milliards de dollars est un événement majeur pour le secteur de la musique et des nouvelles technologies et c’est pour cette raison que j’ai choisi d’en parler.

Cette vente devrait marquer un changement de la donne sur le marché de la distribution de musique dans le monde.

La lecture approfondie de la presse économique sur ce sujet m’a poussé à replonger dans l’excellent ouvrage de Clayton Christensen « The Innovator’s dilemma » qui date de quelques années mais reste d’actualité. L’auteur y explique le dilemme devant lequel est placé une société innovante : prendre le risque d’abandonner son modèle économique dominant parce qu’il sera mis à mal par une nouvelle innovation technologique qui deviendra, dans un avenir proche, la norme du marché. C’est la situation dans laquelle se trouve Apple. Son modèle dominant – le téléchargement – est désormais dépassé face au streaming. Le marché n’évolue plus vers le modèle de la possession (de fichiers musicaux) mais vers celui de l’accès (abonnement qui donne accès à 20 millions de titres en ligne).

Apple achète une marque « cool » de casque et d’enceinte qu’elle fera évoluer vers un « smart » casque.

Dans le cas d’un rachat comme celui ci, la transaction est souvent motivée par des actifs inexistants chez l’acquéreur : une base consommateur large et qualifiée, une innovation technologique ou innovation produit « disruptive » – en d’autres termes une innovation qui change la donne sur le marché en question (WhatsApp racheté 19 milliards de dollars par facebook par exemple).

Nous ne sommes pas, ici, dans ce cas de figure. Alors de quoi s’agit il ?

Tout d’abord, la valeur de la marque «  BEATS », son chiffre d’affaire et surtout sa rentabilité. Tout le monde a entendu parler de la société, crée en 2008, par Dr Dre et son associé Jimmy Iovine, producteur et music business exécutive de renom. Le chiffre d’affaire de Beats pour la partie « casques et enceintes » est estimé à 1 milliard de dollars selon le Financial times, et Tim Cook, l’actuel patron d’Apple, a déjà assuré qu’il conserverait la marque.

Apple est une société dont l’essentiel du chiffre d’affaire est désormais constitué de la vente d’appareils (ou « devices » en anglais) portables. Or, Beats a crée une formidable marque d’appareil portable, dont la marge est très confortable : la différence entre la fameuse « valeur d’usage » et la « valeur d’échange » est très proche de celle de l’iPod et de l’iPhone. Selon le New York Times, certains casques Beats ne couterait que 14 dollars à produire, et le prix public de la gamme de casques grand public de Beats s’étend de 250 à 600 dollars. C’est la partie « smart » – la partie « intelligente », celle qui est connectée à internet – qui rend ces appareils si rentables.

L’évolution du casque est donc d’être “smart” ? Sans doute. Le casque deviendra très vite « smart » et inclura un service de streaming illimité de musique en y intégrant le service de streaming de Beats.

Au delà du casque, il y a les autres appareils et notamment le marché du “fitness”. C’est à dire, l’ensemble des appareils fixes dans les milliers de salle de sport aux Etats Unis mais aussi les appareils de sport domestiques.

L’appareil de fitness deviendra aussi « smart » et le marché aux Etats Unis est évalué à 107 milliards de dollars selon le Financial times.

Mais la pomme n’achète t-elle pas avant tout un service de streaming ?

Au delà des appareils, c’est surtout le service de streaming dont la valorisation n’excède pas 300 millions de dollars, qui intéresse Apple…

« Quickroad to streaming » comme dit l’excellent Bob Lefsetz dans son amusante newsletter (dont je vous recommande la lecture sur http://lefsetz.com/wordpress/). Si tel est le cas, pourquoi ne pas racheter Spotify directement ?

Le download étant déjà arrivé à un plateau. En France, les chiffres du marché du téléchargement sont négatifs (source snep premier trimestre 2014) et cette baisse est surtout importante sur le “back catalogue”, qui constituait le socle de la marge des services de téléchargement. Comment pénétrer le marché du streaming sans scier la branche sur laquelle Apple est assise (iTunes music store) ? Toutes les études parues aux Etats unis le prouvent, le streaming recrutent ses utilisateurs chez les consommateurs de téléchargement, dont Apple possède l’essentiel du marché. La seule façon de ne pas perdre ces consommateurs est donc d’avancer vite sur le streaming. Et iTunes radio ne suffit pas.

Dans le reste du monde, le streaming connait une forte croissance sur les territoires ou le téléchargement ne s’est pas vraiment imposé, comme on peut le constater sur le slide de Marc Mulligan ci dessous :

MMULLIGAN

Faire l’acquisition du service de streaming BEATS permet à Apple, désormais orphelin de son visionnaire Steve Jobs, de faire une avancée plus rapide sur le marché du streaming, à l’aube du lancement du service de streaming payant de YouTube et de l’introduction en bourse de Spotify.

Une preuve de plus que le streaming est le modèle dominant du marché de la musique en ligne. Ce rachat va consolider et structurer du marché du streaming

Quid du futur de Deezer dans lequel Lenn Blavatnik, également actionnaire dans Beats et propriétaire de Warner a investi ?

Mais que fera Google ? Se contentera t-il du lancement de l’abonnement sur YouTube ?

Amazon rachètera t il les concurrents ? Spotify ou Rhapsody/ Napster ?

Suite au prochain épisode.

Content Connectors: How the Coming Digital Content Revolution Will Change Everything

Music Industry Blog

In my previous blog post I explained that 2014 was going to be the year of taking digital content into the home.  That affordable devices such as Google Chromecast, Apple Kindle Fire TV, Apple TV and Roku are set to drive a digital content revolution by connecting digital content with the familiar context it needs for the mass market.  These Content Connectors will transform consumers’ relationship with digital content but they will also turn the existing digital content marketplace on its head:
  • Breaking down the home entertainment silos: our digital content experiences have evolved entirely isolated from our other media experiences.  We multitask because one device is connected and one is not.  Our homes have become a collection of content experience silos.  Content Connectors break down those walls, brining our digital content experiences onto that most un-connected of devices, the TV.
  • On-boarding late adopters: In most developed markets, most consumers…

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