Mettre fin aux idées reçues.

la photo juste avant

Aujourd’hui, j’ai décidé de faire la peau aux idées qui trainent et s’accrochent au monde d’avant. Quand on passe rapidement d’un monde à l’autre, les méthodes de travail, les certitudes et autres concepts ont parfois du mal, et c’est normal, à avancer aussi vite.

L’exercice consiste à faire le tri entre une idée qui a vieilli, un mythe et une idée qui illustre un « vrai » changement.

Aujourd’hui, j’en ai listé dix.

1)  La musique est un produit : vieux concept.

La confusion est née du support, qui n’a que soixante-dix ans d’âge. Avant les années 30, la musique était véhiculée par les concerts, les cabarets la danse, en d’autres termes une expérience, une émotion vécue seule ou partagée à plusieurs. La musique n’est pas le support comme la carte n’est pas le territoire.

2)  La possession : vieux concept.

La musique à l’âge de l’accès (à relire l’ouvrage de référence « l’age de l’accès », de Jeremy Rifkin) balaye la notion de possession puisque désormais, ce qui compte, c’est d’avoir un accès. Un peu d’anglicisme barbare : le consommateur souhaite un accès « ATAWAD » (anytime, anywhere, on any device). Accéder à la musique grâce à une connexion internet -désormais disponible partout- sur tous les appareils, Apple ou Android (plus seulement dans le concept du foyer numérique développé par Steve Jobs). La question, c’est la monétisation de l’accès, plus celle de la possession.

3)  La relation directe de l’artiste et du consommateur : changement.

On pourrait lister pendant des heures l’ensemble des changements qu’internet a provoqué dans ce domaine. Mais le changement le plus profond, c’est bien le fait qu’il y existe une relation directe, désormais effective, qui rend possible toute sorte de communication, proposition artistique, discussion, en un mot « relation », entre l’artiste et son fan, en temps réel et sans interruption.

4)  La fin de l’intermédiation : mythe.

Pour le consommateur, l’intermédiation reste nécessaire pour FILTRER. La « curation » reste essentielle. Face à 20 millions de titres d’une plateforme de (streaming ou téléchargement) l’utilisateur a besoin d’être orienté, guidé, en fonction de ses gouts (moteurs de recommandations avec différents types d’algorithmes), en suivant des « leaders », « trends setters » auxquels il est « attaché » par le lien social, ou médias en qui il a confiance. La relation directe de l’artiste et du consommateur ne signifie pas la fin de l’intermédiation. Bien au contraire. Pour l’artiste, l’intermédiation reste aussi nécessaire : il a besoin d’un « business partner », d’un « conseiller » puisqu’il n est pas un spécialiste en « business », d’un avocat puisqu’il n est pas spécialiste en droit, d’un « producteur » puisqu’il n’est pas toujours expert en production, d’un producteur de spectacle puisqu’il n’est pas lui-même un spécialiste dans ce domaine, d’un « community manager » puisqu’il n’est pas spécialiste en animation de communauté, d’un attaché de presse …La liste est longue et quoiqu’en disent certains, ces métiers sont des vrais métiers de savoir-faire.

5)  Le modèle « venture capitalist » : vieux concept.

On lance dix artistes et on espère que l’un des dix artistes aura un succès tel qu’il permettra de générer les revenus suffisants pour générer les profits nécessaires et éponger les pertes des neuf autres. Avec la fin du business modèle de la possession, ce n’est plus possible. Car le business modèle ne permet plus d’éponger les pertes de 9 artistes.

6)  La fin de l’ « artistique » : mythe,

Quand le marketing n’est plus efficient, c’est l’émotion qui prime. Bien avant l’invention du terme « storytelling », le marketing des artistes était déjà du « storytelling ». L’essence même de ce qui est véhiculé par l’artiste. Avec le travail artistique autour de l’œuvre audiovisuelle et l’univers de l’artiste, l’ « artisanat » va renaitre autour du numérique.

7)  Le financement participatif ou « la demande qui crée l’offre » : mythe.

L’offre, ou proposition artistique d’un artiste inconnu est toujours antérieure à la demande. Le financement participatif est un formidable outil pour financer la production et un formidable dispositif de social marketing (les premiers fans étant les « financeurs ») mais le financement participatif ne peut être vu comme un nouveau business model.

8)  Les Majors c’est fini : mythe.

Il y aura toujours des structures de « recording » ou « publishing » , qui vont agréger des catalogues d’audio et vidéos. Plus le catalogue sera important, plus leur pouvoir de négociation avec les géants comme Apple, Google ou Amazon sera grand.

9)  La Long Tail (la thèse de Chris Anderson « the long tail ») :

Attention, cette idée ne vaut pas pour tous. Pour avoir une « tail » il faut avoir du catalogue, et ceci n’est que l’apanage des trois majors. Pour les autres, la « tail » n’est pas égal au chiffre d’affaire des « hits ».

10) La technologie, ce vieux démon : mythe

La technologie n’est pas une ennemie. Les industries de la musique se sont souvent battu contre la technologie. Lors de l’avènement de la radio, aux Etats-Unis les ayants droits ont attaqués en justice les premières radios (ça ne vous rappelle rien ?). Aujourd’hui tout le monde a oublié que la radio a permis le formidable explosion de l’industrie de la musique enregistrée et la fabrication du « star system ». En 1920, les ayants droits et les artistes se plaignaient de la radio. Aujourd’hui, ils ont tendance à se plaindre du modèle de streaming. Ils oublient que, c’est ce modèle, grâce à la technologie (4G, smart phone) qui étendra définitivement l’accès à la musique – potentiellement- à tout individu (à la condition qu’il ait une connexion internet et un « device » – en général les deux marchent ensemble).

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